“Au nom des femmes que l’on n’entend pas” | La Gazette Bio
“Sabrina Debusquat est une journaliste spécialisée dans la santé des femmes. Controversée à la suite de la publication de son livre J’arrête la pilule, elle continue néanmoins à porter haut la parole de ces femmes que la société ne souhaite pas entendre.”
Le webzine La Gazette Bio a recontré Sabrina Debusquat pour une interview au long cours dont voici quelques extraits :
“Votre ouvrage a eu un fort retentissement dans les médias, mais avez-vous pu vous entretenir avec des responsables politiques ou médicaux sur la façon de « réformer » l’accès à la contraception tel qu’on le connaît aujourd’hui ?
Ce n’était pas mon objectif. Je suis journaliste et mon travail s’arrête à enquêter et à en rendre le fruit, ce que la société en fait ensuite, ce n’est pas à moi de le décider. Mais évidemment on ne ressort pas indemne d’une telle enquête, très dure pour moi, physiquement et émotionnellement. Compiler tous ces faits, les lier à l’histoire, à la science et à la parole des femmes formait un tout qui devenait au fur et à mesure très cohérent et qui éclairait la crise que nous traversons aujourd’hui. Appréhender tout cela, en tant que femme, m’a profondément questionné.
Au final, le livre ne regroupe que 10% de toutes les informations qui sont passées sous mes yeux. Par exemple, j’ai lu tous les articles scientifiques parus sur la contraception hormonale ces 25 dernières années. J’y ai relevé pas mal de conflits d’intérêts non déclarés. J’ai aussi réalisé un sondage auprès de 3 616 femmes, dont 46% ont déclaré ressentir une baisse de libido sous pilule[D], j’ai lu leurs témoignages dans lesquels elles expriment le sentiment de ne pas être écoutées, etc. Ce que je retiens à titre personnel c’est donc qu’il y a un vrai tabou autour de la contraception hormonale, un vrai manque d’écoute de la parole des femmes. Cela m’a énormément gêné en tant que féministe, de voir qu’on en est encore là en 2018.
Cela m’a énormément gêné en tant que féministe, de voir qu’on en est encore là en 2018.
Et, parce que j’en avais marre que sur le sujet ce soient systématiquement des idéologies qui s’affrontent, je me suis attachée à ne me focaliser que sur les faits. Cela relève de de mon éthique de journaliste. Mais mon travail s’arrête là : c’est désormais à chacun de se questionner. Ceci dit, je ne pense pas que cela changera tant que les femmes ne prendront pas fermement position pour se faire entendre, comme elles ont su le faire dans leur histoire pour réclamer le droit à l’IVG, par exemple. Le premier pas doit être fait par les femmes. Mais le sujet est tellement sensible que personne ne tient à être le premier à toucher au symbole de la pilule.
Lire en intégralité l’article : “Sabrina Debusquat, au nom des femmes que l’on n’entend pas”
Pour en savoir plus sur la pilule, son histoire, son impact sur la santé et l’environnement, lisez J’arrête la pilule.
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