Droit de réponse article ELLE “Génération no pilule”

Voici un droit de réponse à l’article “Génération no pilule” paru dans le ELLE de ce 1er septembre 2017 :

« [Ce livre est] un réquisitoire. En ne présentant que des études à charge contre les hormones synthétiques elle dresse un tableau terrifiant. »

J’arrête la pilule ne procède pas à une « sélection » des « études à charge » mais a fait un tri en éliminant au maximum les études trop biaisées ou dont les auteurs présentent des conflits d’intérêts majeurs afin d’apporter aux femmes les réponses les plus fiables possible. Financée en majorité par l’industrie et affichant un taux d’études de 70 % d’études non reproductibles en science dures, la science traverse aujourd’hui une crise de légitimité majeure. Dans ce contexte, une bonne information ne peut se contenter de relayer les études sans analyser en profondeur si elles présentent des conflits d’intérêts ou biais majeurs.

J’arrête la pilule ne procède pas à une « sélection » des « études à charge » mais a fait un tri en éliminant au maximum les études trop biaisées ou dont les auteurs présentent des conflits d’intérêts majeurs afin d’apporter aux femmes les réponses les plus fiables possible.

C’est un travail fastidieux (qui se réalise avec l’aide d’experts qui doivent vous initier aux rudiments de leur discipline) mais c’est un travail essentiel pour qui prétend s’intéresser à un sujet aussi sensible en termes d’intérêts financiers que les contraceptifs hormonaux. Que les faits soient “terrifiants” est une chose mais ce sont pourtant les faits que nous rapportent la science et les experts les plus rigoureux et indépendants.

L’ouvrage se contente de relier entre elles de nombreuses informations fiables et sourcées provenant des travaux poussés de scientifiques, historiens, etc. qui montrent qu’encore aujourd’hui les femmes sont si souvent poussées à prendre la pilule et si peu informées sur les autres contraceptifs existants (notamment sans hormones) qu’elles ne peuvent procéder à un réel « choix » contraceptif.

Les femmes sont si souvent poussées à prendre la pilule et si peu informées sur les autres contraceptifs existants (notamment sans hormones) qu’elles ne peuvent procéder à un réel « choix » contraceptif.

Comme il est expliqué dès l’introduction : « Je veux que les femmes puissent choisir leur contraceptif en toute conscience. Sans zone d’ombre. Je n’ai pas à les juger ou à leur dire quoi penser. Personne ne devrait le faire. » De plus, tout un paragraphe du livre est dédié à celles qui prennent ou souhaitent prendre la pilule. Enfin, en annexe du livre figure un classement de l’ensemble des méthodes contraceptives actuelles avec ou sans hormones ce qui montre, encore une fois, que le livre ne verse pas dans l’idéologie ou dans une tentative à orienter les femmes vers telle ou telle méthode. Ce livre présente des faits et fait connaître des possibilités méconnues mais ne cherche absolument pas à « imposer » quoi que ce soit à qui que ce soit. Une lecture attentive de l’ouvrage montre rapidement que prétendre que j’affirme que la pilule est un « réquisitoire » ne relève que de la conjecture ou d’une lecture incomplète du livre.

 

« Martin Winckler écrivain ancien médecin et vigie en matière de contraception devait préfacer son livre. ll a renoncé en raison de son « manque de rigueur scientifique » et d’un désaccord éthique. »

Martin a tout à fait le droit de s’exprimer, cela n’enlève rien au fait que le livre est basé sur des faits solides, une science la moins biaisée et la plus éthique possible et qu’il a en sus été relu et validé par divers spécialistes très compétents tous spécialistes en leur domaine.
Il y a en effet eu un désaccord éditorial mais nous nous sommes quittés en bons termes et de manière tout à fait cordiale.

« concernant le cancer du sein « la seule étude fiable montre que la potentialité d’en développer un lorsqu’on prend une pilule œstrogestative jusqu’à 35 ans diffère peu par rapport à une femme qui n’en prend pas » (NB : la pilule oestrogestative est un terme erroné, il s’agit ici de pilule oestroprogestative)

La pilule oestroprogestative, celle que prennent 90 % des femmes, est officiellement reconnue cancérigène de catégorie 1 depuis 2005 par le CIRC produit cancérigène de première catégorie pour les seins, le foie, le col de l’utérus et les voies biliaires. Le consensus scientifique actuel estime qu’il y aurait dans chaque tranche de 10 000 femmes prenant la pilule oestroprogestative « deux cas additionnels de cancer du sein si la pilule a été prise avant la première grossesse menée à terme » et « environ un cas additionnel de cancer du sein si la pilule a été prise après la première grossesse menée à terme ». Les études tendent à montrer que 80 % de celles qui ont un cancer du sein à cause de leur pilule ont commencé à la prendre avant leurs 18 ans et pendant plus de quatre ans.

Ce sont des décès de femmes qui ne sont initialement pas malades et qui meurent donc du simple fait d’avoir pris une contraception orale alors qu’elles auraient pu éviter ce risque en optant pour une autre contraception. Malgré la connaissance de certains facteurs de risques, la médecine est actuellement incapable de prédire précisément quelle femme sur les 10 000 sera touchée ou pas par ce cancer en prenant la pilule oestroprogestative. De plus, des biais majeurs dans les études entre risque de cancer et pilule sont des facteurs majeurs de minimisation de ce risque (ou pire permettant des fausses conclusions comme un “effet protecteur” sur certains cancers). Quant aux autres types de pilules utilisant uniquement des progestatifs, un nombre de plus en plus important d’études montrent que ces pilules auraient un potentiel cancérigène encore plus élevé (cf. page 111).

 

« SABRINA DEBUSQUAT BLOGUEUSE ET JOURNALISTE APPELLE LES FEMMES A SE MOBILISER POUR DEMANDER DE NOUVEAUX CONTRACEPTIFS SANS EFFETS SECONDAIRES »

Sabrina Debusquat avant tout journaliste de profession diplômée d’un Master II en journalisme, animatrice radio à Radio France (et blogueuse à ses heures perdues) livre les conclusions d’une année d’enquête et « n’appelle » les femmes à rien du tout si ce n’est à lire son enquête et à se faire leur propre opinion. Je rappelle que j’avais par exemple rédigé en 2014 le premier dossier en presse écrite en France sur les violences gynécologiques alors non médiatisées, mon Linkedin est également visible publiquement. Mon blog est un hobby qui n’a pas grand-chose à voir avec ma profession, ce n’est pas mon activité principale et je n’en retire aucun profit.

 

«  Vous écrivez que la pilule n’a pas été un outil de libération des femmes »

Je relate un ensemble de faits historiques et démographiques étoffés pour, je cite, s’intéresser au « rôle réel de la pilule dans la révolution sexuelle et la baisse de la natalité ». Le livre invite à se questionner au regard de faits avérés et pourtant méconnus qui brossent un portrait factuel et non idéologique ou fantasmé de la contraception. Nulle part n’est écrit dans le livre que « la pilule n’a pas été un outil de libération des femmes », il s’agit là d’une conjecture.

Le livre invite à se questionner au regard de faits avérés et pourtant méconnus qui brossent un portrait factuel et non idéologique ou fantasmé de la contraception. Nulle part n’est écrit dans le livre que « la pilule n’a pas été un outil de libération des femmes »

Comme l’explique parfaitement la page 53 du livre « La pilule a été une découverte importante. Il serait malhonnête d’affirmer le contraire. Mais idéaliser ou enjoliver son histoire, comme on l’entend trop souvent, est dangereux. Cela paralyse toute liberté de parole sur ce sujet. Observer la réalité des faits permet de remettre les choses à leur juste place. L’histoire de la pilule apporte un éclairage puissant sur la crise qu’elle traverse aujourd’hui. »

 

« les méthodes qui associent I’observation du corps et le préservatif pendant les dix à quinze de risque de grossesse peuvent être efficaces Et elles ont I’avantage de partager la charge contraceptive dans le couple. Cependant on manque d’études sur leur efficacité »

Sélection partielle et simplification de mes propos. J’ai expliqué qu’il existe aujourd’hui des méthodes naturelles comme la symptothermie qui présentent un degré d’efficacité extrêmement élevé (parfois similaire à la pilule) si parfaitement pratiquées. J’explique dans le livre qu’il a été très facile pour moi (et des milliers d’autres femmes) d’intégrer ce type de méthode, preuve qu’elles peuvent parfaitement convenir à certaines et qu’elles ne sont pas forcément « difficiles » à mettre en place ou « pesantes » au quotidien comme l’on a coutume de le penser. Tout cela est amplement détaillé dans le livre. Concernant leur efficacité j’ai simplement précisé (comme écrit page 260 du livre dans l’annexe des contraceptions) que « Les méthodes naturelles étant parfois moins souvent évaluées que d’autres méthodes, elles peuvent faire l’objet de moins d’études ou d’études à échantillon de population moins larges. Toutefois, les études sélectionnées ici pour calculer leurs indices sont toujours celles présentant les panels les plus grands et ayant la méthodologie la plus irréprochable. » ce qui est bien différent de « on manque d’études sur leur efficacité ». Les études sur ces méthodes sont simplement moins nombreuses que sur les autres moyens de contraception médicalisés pour la simple et bonne raison que personne ne souhaite les financer car ces méthodes ne rapportent pas ou peu d’argent (contrairement aux autres méthodes qui font l’objet de nombreuses études financées, entre autres, par l’industrie qui les commercialise).

Je rappelle donc, encore une fois, que J’arrête la pilule est à lire avec attention dans son intégralité, c’est essentiel pour en saisir toutes les nuances.

Je suis par ailleurs heureuse de constater que les résultats du sondage commandé par ELLE à l’IFOP selon la méthode des quotas arrivent à des résultats similaires à celui réalisé en ligne auprès de 3 616 femmes dans le cadre de mon enquête (résultats complets sur cette page).