Féminisme pilule

Pilule, liberté et droits des femmes | Témoignages

Féminisme pilule

Lors de notre sondage, certaines participantes ont tenu à évoquer leur vision de la pilule vis-à-vis du féminisme et des droits des femmes. Beaucoup d’entre elles trouvent totalement “sexiste” que la majorité des solutions contraceptives ne s’adressent qu’aux femmes. Elles sont aussi révoltées que la plupart des médecins ne leur proposent souvent que deux options – les hormones ou le stérilet – et considèrent qu’être obligées d’avoir recours à une contraception médicalisée (et aux effets secondaires ou risques potentiels qui vont avec) ne constitue pas un vrai choix.

Ces femmes pensent que la pilule n’est absolument pas l’apogée du féminisme et qu’il faut aujourd’hui dépasser, affiner cet acquis, notamment en partageant la charge contraceptive avec les hommes, tout autant responsables des grossesses. Il semblerait donc qu’une nouvelle vague de féministes post-pilule soit en train de voir le jour. Une nouvelle vague de femmes qui n’acceptent plus de prendre des risques pour leur santé ou de souffrir pour assumer la charge contraceptive :

« J’ai testé tous les dispositifs hormonaux sauf le patch et une dizaine de pilules. Je les supporte pendant deux mois puis des effets secondaires, à chaque fois différents, apparaissent. Très peu d’informations de la part des gynécos. On change de pilule et puis voilà. L’arrêt de la pilule signifie dans l’inconscient collectif que l’on veut faire un bébé ou que l’on est irresponsable. La pilule semble être devenue obligatoire pour les filles à partir de 16 ans et le droit à l’arrêter accepté uniquement si c’est pour faire un enfant… »

Je pense qu’il serait effectivement temps de questionner ce mode de contraception et les effets qu’il produit sur les femmes.

« Pour rien au monde je ne reprendrai la pilule. Je l’ai vécu comme un carcan et avec le recul je suis outrée de l’attitude des personnels de santé qui n’ont pas accepté d’en discuter. Il m’a fallu l’arrêter pour me rendre compte de la foule d’effets secondaires. J’ai pris la pilule entre mes 20 et 30 ans, soit l’âge où je me suis construite. Je n’ai découvert mon corps et ma sexualité qu’à partir du moment où je l’ai arrêtée. Je me demande à quel point ma vie aurait été différente avec un autre contraceptif. Aujourd’hui je suis passée au stérilet et, lorsque je me plains de douleurs, on m’affirme avec un sourire narquois que ce ne serait pas le cas si j’acceptais de reprendre la pilule. Je suis furieuse contre ce comportement du monde médical, que je perçois comme une forme de violence institutionnalisée faite aux femmes. Je pense qu’il serait effectivement temps de questionner ce mode de contraception et les effets qu’il produit sur les femmes. »

« J’ai arrêté de la prendre il y a près de huit ans. Mes cycles ont été complètement perturbés par sa prise et sont toujours très anarchiques. Marre que le poids de la contraception soit toujours sur le dos des femmes, et au détriment de notre santé. Marre du milieu médical patriarcal et du peu de respect de notre corps, de nos envies, de nos cycles. »

Je suis choquée de cette loi du silence qui régit ce système de contraception. Cette omerta culpabilise la femme qui ose dire qu’il existe de vrais effets secondaires.

« Je suis choquée de cette loi du silence qui régit ce système de contraception. Mon médecin m’a donné une première pilule sans m’expliquer ce qu’elle contenait ou les effets secondaires qu’elle pouvait avoir. Au gré des changements de pilule, j’ai souffert de rétention d’eau, fringales et sautes d’humeur. J’en ai parlé à ma gynécologue qui m’a tout simplement répondu : « c’est ça ou rien ! Effets secondaires ou pas, c’est le prix à payer pour avoir des relations avec votre conjoint. » Cette omerta culpabilise la femme qui ose dire qu’il existe de vrais effets secondaires. »

« C’est une vraie merde. Et je le dis en tant que femme et professionnelle de santé. À cause de la pilule j’ai fait deux fausses couches aux environs des sept mois de grossesse. Après autopsie de nos bébés, il s’est avéré que leurs décès étaient dus à un trop-plein d’hormones de la pilule qui ne s’étaient pas totalement dissoutes. J’ai dû accoucher par voies naturelles du corps de mes enfants décédés (tout en subissant les remarques déplacées des médecins qui ironisaient en me disant que la fausse couche n’est pas un moyen de contraception). C’était un moment très dur. Quelle belle connerie la pilule contraceptive ! Chez moi elle est très dure à avaler !!! »

« J’ai été très surprise des effets positifs de l’arrêt de la pilule. Initialement je pensais simplement arrêter pour tomber enceinte, mais quand je vois les résultats (libido, forme générale, cheveux, prise d’un bonnet), je ne reprendrai sans doute jamais cette contraception. J’ai pris la pilule pour la première fois à 14 ans, je l’ai arrêtée à 31 ans. Durant toutes ces années, jamais un médecin ou un gynéco n’a pris le temps de me parler des autres options ou de m’alerter. Suite à l’arrêt, j’ai fait quelques recherches et je suis tombée sur une foule de femmes dans le même cas que moi. Je trouve scandaleux d’avoir pris en otage la gent féminine depuis toutes ces années. Quand on refuse de la prendre on nous regarde de travers, comme si le fait de brimer sa libido n’était pas grave et que tout ce qui compte est que l’on ne tombe pas enceinte. Il est vraiment temps d’en parler haut et fort et d’alerter les jeunes générations pour changer les choses. »

J’ai l’impression qu’en France, la pilule est sacro-sainte. Pour la génération de mes parents, les femmes se sont battues pour l’obtenir, il leur semble donc impensable qu’on ne souhaite plus la prendre.

« J’ai l’impression qu’en France, la pilule est sacro-sainte. Pour la génération de mes parents, les femmes se sont battues pour l’obtenir, il leur semble donc impensable qu’on ne souhaite plus la prendre. Pour le personnel médical consulté, le fait que je ne veuille plus prendre d’hormones est perçu comme un raisonnement faux et obscurantiste. Il m’a fallu aller en Suisse pour me faire poser un stérilet et que mon envie de ne plus ingurgiter d’hormones soit enfin comprise. »

Il ne s’agit plus d’un réel choix mais d’une contrainte sociale.

« La pilule est considérée comme LE moyen de contraception et est automatiquement prescrite aux jeunes femmes sans jamais les avertir des conséquences sur leur corps et l’environnement. Bien qu’objet de la libération sexuelle de la femme, la prise de la pilule est devenue aujourd’hui une pression sociale. Globalement, les hommes considèrent que la femme doit prendre la pilule. Il ne s’agit donc plus d’un réel choix mais d’une contrainte sociale. »

« On a tenté de me décourager d’arrêter la pilule en me disant que c’était déjà bien d’avoir accès à une contraception ; que la pilule c’est la contraception « historique », celles que des millions de femmes utilisent. On m’a dit « si ça convient à toutes ces femmes, ça devrait vous convenir à vous aussi. Les femmes de la génération de votre grand-mère se sont battues pour que vous ayez le droit d’avoir la pilule, vous devriez être bien contente d’avoir cette chance ! » Ce à quoi j’ai répondu que le combat de ma génération en matière de contraception devrait être de pouvoir choisir celle qui nous convient le mieux ! »

 


Pour en savoir plus sur cette nouvelle génération de femmes et prendre connaissance de toutes les alternatives actuelles à la pilule ou au stérilet, lisez J’arrête la pilule (un tableau inédit présentant l’ensemble des contraceptions, leur coût, efficacité et effets secondaires y figure en annexe).


Témoignages recueillis lors du sondage “Les femmes et la pilule” réalisé début 2017 dans le cadre de la rédaction du livre J’arrête la pilule.