Les pressions de l’entourage à l’arrêt de la pilule | Témoignages
D’après notre sondage, 29 % des femmes qui arrêtent la pilule en sont découragé d’une manière ou d’une autre. Derrière le corps médical, les amis sont les seconds « moralisateurs » des femmes qui arrêtent la pilule (24 %), devant les mères (18 %) et les compagnons ou maris (12 %). Des pressions et jugements extrêmement désagréables qui indiquent que certains se croient encore en droit de dire aux femmes ce qu’elles doivent faire de leur corps…
« Ce qui m’a le plus marqué lorsque j’ai arrêté la pilule c’est l’incompréhension générale. Celle des hommes, qui n’envisagent pas un instant que ce soit eux qui prennent un moyen contraceptif. Celle des médecins de la génération de mes parents qui considèrent mon choix comme un « caprice » de jeune qui n’a aucune conscience du chemin qu’il a fallu aux femmes pour en arriver là… Ma décision a été vue comme une remise en question globale des compétences du personnel médical. J’ai été jugée par ceux qui idéalisent le système de santé actuel alors que je ne remettais pas en question l’intérêt de la médecine. »
« On a tenté de me décourager d’arrêter la pilule sans réelle raison, ça parait juste obligatoire dans l’esprit de certains. Prendre la pilule n’est plus considéré comme un droit mais comme un devoir. »
Cela parait juste obligatoire dans l’esprit de certains. Prendre la pilule n’est plus considéré comme un droit mais comme un devoir.
« Pour mon gynécologue, la pilule reste le meilleur moyen de contraception pour les femmes actives et responsables. Il ne croit pas du tout à ses effets néfastes. J’ai dû être très claire dans mon choix. Si j’avais été influençable, je serais repartie avec une nouvelle prescription ! »
La pression sociale à propos de la pilule est non négligeable et peut rendre son arrêt pénible. La femme doit se « justifier » en permanence, au point que certaines font semblant de toujours la prendre pour avoir la paix :
« Personne ne sait vraiment si je prends la pilule ou pas. Je laisse le doute planer, je prétends la prendre, je reste évasive. J’estime que cela me regarde. À l’évocation d’un arrêt, une amie s’est insurgée, pétrie de bonnes intentions : elle a subi deux avortements et est toujours très inquiète lorsqu’elle apprend qu’une de ses amies qui a une activité sexuelle ne prend pas la pilule. Pour avoir la paix et la rassurer, je la laisse aujourd’hui penser que j’ai continué de la prendre, ce qui est faux. »
Habitués à ne pas s’impliquer dans la contraception, les compagnons eux-mêmes se montrent parfois virulents ou égoïstes :
« Mon compagnon m’a découragé d’arrêter la pilule car il était dégoûté à l’idée de la présence d’un DIU et que ça l’ennuyait d’avoir à gérer le préservatif. »
« Quand j’ai décidé d’arrêter la pilule pour me faire poser un stérilet, j’ai informé mon compagnon que nous allions devoir utiliser des préservatifs pendant un temps. Il s’est mis en colère et m’a forcée à reprendre la pilule. J’étais scandalisée mais à l’époque j’avais 22 ans, je ne saisissais pas autant les enjeux qu’aujourd’hui et je l’ai reprise. Finalement, je me suis fait poser le stérilet et je l’ai quitté ! »
J’ai passé ma vie sexuelle à la prendre pour mes petits copains alors que je percevais la différence avec et sans.
« La première fois que j’ai pris la pilule c’était suite à la « proposition » de mon copain. Il avait cette envie naturelle et compréhensible de pouvoir éjaculer en moi. Prendre la pilule allait de soi. Pourtant, c’était très pénible pour moi. Ça a dénaturé mon physique qui n’est jamais revenu à la normale après l’arrêt. »
« J’ai passé ma vie sexuelle à la prendre pour mes petits copains alors que je percevais la différence avec et sans. Désormais, je l’ai arrêté pour passer au préservatif car je voulais que mon copain soit investi dans la contraception de notre couple. »
Pour en savoir plus à propos des pressions de l’entourage liées à l’arrêt de la pilule, lisez J’arrête la pilule.
Témoignages recueillis lors du sondage “Les femmes et la pilule” réalisé début 2017 dans le cadre de la rédaction du livre J’arrête la pilule.