Troubles de l’humeur sous pilule | Témoignages
Depuis les années 1960, la science a montré un lien entre la prise de certaines hormones contraceptives et l’augmentation des tendances dépressives. Plus récemment, de nouvelles études ont confirmé ce constat. La pilule n’a donc pas que des effets sur le corps des femmes, elle peut aussi en avoir sur leur esprit, leurs humeurs, leur bonheur. Des effets impalpables, souvent difficiles à saisir :
« En fait je n’avais pas conscience des effets secondaires parce que j’ai commencé à la prendre très tôt, durant mon adolescence. Je pensais que mon humeur maussade était mon état normal. »
« Lors de périodes de célibat sans pilule, je me suis rendu compte que je retrouvais un enthousiasme et une énergie que je n’avais pas avant. Je mettais ça sur le compte de ma liberté retrouvée post-rupture. J’ai mis du temps à comprendre que c’était la pilule qui modifiait mes humeurs, ce qui s’est confirmé quand je l’ai arrêtée définitivement pour la dernière fois (alors que j’étais encore en couple). »
Je pensais que mon humeur maussade était mon état normal.
« J’ai souffert d’état dépressif sous pilule et mon gynécologue refusait d’y voir un quelconque lien avec ma contraception. Quelques jours après l’avoir arrêté, je me sentais déjà nettement mieux. En en parlant autour de moi, j’ai été étonnée du nombre de femmes qui ont vécu des expériences similaires. »
« Lorsque j’ai commencé à prendre la pilule, je ne me suis pas rendu compte à quel point elle me transformait. En l’arrêtant en vue d’une grossesse, je me suis sentie heureuse et paisible, je me suis redécouverte. En reprenant la pilule à mon retour de couches, la dépression s’est installée insidieusement, sans que je la relie à la pilule. Un jour je l’ai arrêtée parce que j’avais oublié d’acheter une nouvelle boîte. J’ai retrouvé ma joie de vivre en moins d’une semaine. Je ne prendrai plus jamais de pilule contraceptive, bien que sur le plan pratique, elle me convienne tout à fait. »
Je l’ai arrêtée parce que j’avais oublié d’acheter une nouvelle boîte. J’ai retrouvé ma joie de vivre en moins d’une semaine.
« La pilule a tant aggravé mes symptômes dépressifs que j’ai raté plusieurs années d’études supérieures et que j’ai encore des séquelles sur mon état psychiatrique. Il me paraît évident que c’en est la cause car mes deux arrêts de pilule coïncident parfaitement avec une amélioration très rapide et radicale de ma santé mentale. »
Les témoignages ci-dessus permettent de conscientiser les concessions que font les femmes pour assumer la charge contraceptive. Le prix de l’égalité en quelque sorte. Les effets secondaires dits « bénins » de la pilule portent en fait gravement atteinte au bien-être quotidien des femmes. Et ces effets sont une réalité pour beaucoup des femmes qui utilisent une contraception hormonale. Plus insidieux, de nombreuses femmes découvrent par hasard lorsqu’elles arrêtent la pilule que cette dernière avait des effets sur leur corps. En effer, les effets secondaires des hormones se manifestent souvent si progressivement que les femmes ne conscientisent pas que leur pilule en est la cause :
« J’ai mis énormément de temps à comprendre que mon état de santé problématique (troubles digestifs très handicapants, diarrhées permanentes, évanouissement à la moindre hausse de température) était lié à ma contraception. Après avoir envisagé une intolérance au gluten ou allergie alimentaire, je m’étais résigné à penser que c’était uniquement lié à une nature anxieuse ou à ma constitution naturelle. Les trois médecins différents auxquels j’ai parlé de mes problèmes handicapants au quotidien m’ont fait passer différent tests mais pas un ne m’a demandé si je prenais la pilule. Depuis que j’ai arrêté la pilule, je revis totalement et je suis outrée que personne (et surtout moi) n’ait fait le lien avant. Je ne pensais pas que cela aurait pu avoir un tel impact sur mon état de santé. C’est pour moi une forme de désinformation grave des femmes. »
« Mon expérience de la pilule est plutôt positive. Après deux pilules aux effets secondaires inconfortables (prise de poids soudaine et importante, décoloration au niveau du visage, acné s’étalant dans le dos), je prends depuis dix ans une pilule de 4e génération qui me convient. La difficulté, dans mon cas, est de savoir dans quelle mesure la pilule a une influence sur ma libido et mon moral. Je la prends depuis si longtemps qu’il m’est quasiment impossible de savoir si ce que je ressens vient de moi ou de la pilule. »
« On m’a imposé la pilule la plus dosée à 17 ans. Mon corps a vécu une descente aux enfers au fil des années. L’implant que j’ai essayé des années plus tard a renforcé ces effets dévastateurs. J’en veux aux médecins pour le manque d’information dont j’ai été victime sur ces moyens de contraception : j’ai découvert par moi-même les effets secondaires et les ai attribués à la pilule très tard. »
Pour en savoir plus sur les liens entre contraception hormonale et risques de troubles dépressifs, lisez J’arrête la pilule.
Témoignages recueillis lorse du sondage “Les femmes et la pilule” réalisé début 2017 dans le cadre de la rédaction du livre J’arrête la pilule.