CANCERS PILULE CONTRACEPTION FRANCE

Contraceptifs oraux : 600 cancers par an en France

L’Institut français de Veille Sanitaire a estimé de manière chiffrée les cancers attribuables chaque année en France aux contraceptifs oraux.

Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 21 datant du 26 juin 2018, l’InVS annonce que “les contraceptifs oraux causent 600 cancers du sein et du col utérin” chaque année en France sur les adultes de plus de trente ans (selon les données 2015) :

CANCERS PILULE CONTRACEPTION FRANCE

CANCERS PILULE CONTRACEPTION FRANCE 2

Contactée par nos soins, Claire Marant Micallef qui a dirigé l’étude nous précise le détail des chiffres annoncés :

[Parmi les 585 cancers du sein et du col utérins annoncés] : “453 sont des cancers du sein et 132 des cancers du col de l’utérus et 1 663 cancers de l’endomètre et 796 cancers de l’ovaire ont été estimés évités par ces mêmes contraceptifs oraux“.

Vous pouvez lire le rapport complet et les détails de la méthodologie du calcul ainsi que les études sources utilisées via ce lien : “Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine”. Centre international de Recherche sur le Cancer Lyon, 2018

Cancer pilulePour information : le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer qui réalise ce rapport (alias IARC en anglais), est une branche de l’OMS, aujourd’hui financée jusqu’à 75 % par des fonds industriels dont ceux de l’industrie pharmaceutique [1]. Ce rapport est également réalisé en collaboration avec l’Institut National du Cancer qui présente régulièrement des conflits d’intérêts majeurs de ses membres qui interrogent sur son systématisme à pousser au dépistage mammographique en minimisant ses effets secondaires et en exagérant ses bénéfices.

Un calcul critiqué et aujourd’hui confirmé par les autorités de santé nationales :

Des chiffres (qui ne concernent que les plus de 30 ans) qui collent quasi parfaitement avec le calcul effectué par la journaliste Sabrina Debusquat dans son enquête J’arrête la pilule (calculs mis à jour en décembre suite à la parution de nouvelles données scientifiques) annonçant :

“Si l’on reprend les données de cette étude en les appliquant au nombre de femmes sous contraception hormonale en France en 2016, on peut estimer que chaque année 633 cas de cancer du sein seraient attribuables aux contraceptions hormonales (cf. détail calcul en annexe 3 dans le PDF ci-dessous).
En étant très optimiste – dans une hypothèse dite de « scénario bas » avec un taux de mortalité du cancer du sein fixé à 10 % – cela représente 63 potentiels décès annuels de femmes sous contraception hormonale en France en 2016 (127 avec un taux de mortalité de 20 %).

Si l’on y ajoute les chiffres annuels d’accidents thromboemboliques sous pilules oestroprogestative l’on peut estimer que :

  • Chaque année en France, 3 162 femmes subiraient un problème de santé grave à cause de leur contraception hormonale (cancer du sein ou accident thromboembolique) dont 83 décéderaient, en hypothèse « très optimiste » (soit 7 chaque mois). (63 de cancer du sein, 20 d’accidents thromboemboliques).

Cela signifierait que :

o Chaque mois en France près de 263 femmes subissent un problème de santé grave à cause de leur contraception hormonale
o Chaque jour en France près de 9 femmes subissent un problème de santé grave à cause de leur contraception hormonale

Chaque année en France, 3 162 femmes subiraient un problème de santé grave à cause de leur contraception hormonale (cancer du sein ou accident thromboembolique) dont 83 décéderaient, en hypothèse « très optimiste » (soit 7 chaque mois)

Télécharger (PDF, 1.54Mo)

Ce calcul avait valu de vives attaques à Sabrina Debusquat, il est aujourd’hui confirmé par les plus hautes autorités de santé. Les résultats obtenus par les experts de l’InVS collent quasi parfaitement à ceux obtenus par la journaliste.

Bataille contraception

Ce calcul avait valu de vives attaques à Sabrina Debusquat, il est aujourd’hui confirmé par les plus hautes autorités de santé. Les résultats obtenus par les experts de l’InVS collent quasi parfaitement à ceux obtenus par la journaliste.

D’autres cancers évités… oui mais :

L’INVS précise également qu’ils permettraient d’éviter 2 500 cancers de l’endomètre et de l’ovaire. Un fait qui pourrait nous laisser dire “Bon, tout va bien alors ! On évite plus de cancers que l’on en cause !“. Sauf que, comme le rappellent des spécialistes interviewés par Sabrina Debusquat dans un communiqué de mise au point :

“L’argumentation consistant à relativiser ces risques de cancer du sein au prétexte que ces mêmes contraceptifs permettent de réduire d’autres types de cancers (ovaires, endomètre et peut-être colorectal) est trompeuse car cela ne concerne pas forcément les mêmes patientes. Pour exemple, prenons deux patientes prenant la pilule : patiente A et patiente B. La patiente A qui déclenche un cancer du sein sous pilule n’est pas forcément celle qui évite un cancer des ovaires. Que la patiente B ait été protégée d’un autre type de cancer n’empêche en rien son cancer du sein à elle. Ainsi, un surrisque de cancer du sein n’est jamais « compensé » par un sous-risque d’un autre cancer. Les victimes sont bien réelles et non interchangeables comme dans un raisonnement purement mathématique.”

L’argumentation consistant à relativiser ces risques de cancer du sein au prétexte que ces mêmes contraceptifs permettent de réduire d’autres types de cancers est trompeuse. Que la patiente B ait été protégée d’un autre type de cancer n’empêche en rien son cancer du sein à elle. Un surrisque de cancer du sein n’est jamais « compensé » par un sous-risque d’un autre cancer. Les victimes sont bien réelles et non interchangeables comme dans un raisonnement purement mathématique.

Un combat féministe pour une contraception sans souffrances ni effets secondaires :

A l’occasion de la publication de ces chiffres, Sabrina Debusquat aimerait renouveler son engagement féministe dans le combat pour une contraception sans souffrances ni effets secondaires quels qu’ils soient :

” Ce qu’il faut comprendre c’est qu’en prenant une contraception hormonale, les femmes affrontent des risques de cancer, d’AVC, d’embolie. Face à la pauvreté de l’offre contraceptive hors hormones ou masculine mais aussi face aux pressions diverses (sociétales, médicales, du conjoint, etc.) elles n’ont pas vraiment « le choix » et optent bien souvent pour des hormones faute de mieux. Or, un combat féministe c’est se battre pour offrir aux femmes des choix plus élargis, ouvrir des horizons. Ainsi, vouloir que la société puisse à l’avenir offrir aux femmes le choix de ne pas avoir à risquer sa vie ou à miner son bien-être quotidien pour éviter une grossesse est un progrès.

La réalité, même si ces risques graves sont minimes, c’est qu’on ne sait pas toujours quelle femme ils vont toucher.

Car la réalité, même si ces risques graves sont minimes, c’est qu’on ne sait pas toujours quelle femme ils vont toucher. Mais parce que la pilule est un acquis féministe, un symbole fort, nous sommes mal à l’aise face aux questions complexes qu’elle pose. Trop souvent, nous balayons d’un revers de main ces informations désagréables pour persister à ne voir que les avantages. Or aujourd’hui toute une génération de femmes, la génération no pilule, nous dit : assez. Elle refuse d’affronter ces risques si elle peut faire autrement. Comment peut-on rester sourd à ces cris de détresse ? Pourquoi nous permettons-nous de juger cette demande qu’elles expriment comme s’il s’agissait d’enfants qu’il faut raisonner ? D’ailleurs, la pilule elle-même serait-elle née avec un tel état d’esprit de « stagnation » ?

Aujourd’hui toute une génération de femmes  nous dit : assez. Elle refuse d’affronter ces risques si elle peut faire autrement.

Féminisme pilule

Mobiliser la société pour faire face pragmatiquement à cette demande n’a rien d’un « recul ». C’est au contraire la conquête d’un nouveau droit des femmes. L’affinement de droits que nous remercions nos aînées d’avoir si durement acquis. Les souffrances contraceptives sont des objets de lutte féministe tout aussi importants que les autres. Alors, de grâce, cessons les polémiques stériles ou, pire encore, les silences pesants et gênés et osons croire qu’à l’avenir plus personne ne souffrira ou ne mourra à cause de sa contraception. Le meilleur reste à inventer. Il ne tient qu’à nous de nous mobiliser pour que les utopies des femmes d’aujourd’hui deviennent la réalité de demain. Comme l’ont fait avant nous nos mères et nos grands-mères… »

De grâce, cessons les polémiques stériles ou, pire encore, les silences pesants et gênés et osons croire qu’à l’avenir plus personne ne souffrira ou ne mourra à cause de sa contraception.


[1] Cf.  Beigbeder Y., « Les partenariats de l’Organisation mondiale de la santé », Études internationales, vol. 41, no 2, 2010, p. 233-251.

et

Pinzler J., Mischke T, « L’OMS dans les griffes des lobbyistes ? », diffusé sur Arte en avril 2017.