Cinquante ans de contraception légale en France : diffusion, médicalisation, féminisation | INED
A l’occasion des 50 ans de la pilule en France, l’INED fait le point sur les évolutions liés à l’usage des différents contraceptifs et ce que tout cela dit de nos sociétés.
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Extraits :
“En cinquante ans de contraception légale en France, les usages ont donc radicalement changé. La loi Neuwirth, en légalisant l’accès aux méthodes anticonceptionnelles, a rendu possible la diffusion de la pilule et du DIU au sein de la population et conduit à la médicalisation de la contraception. Ainsi, d’une contraception « traditionnelle » de couple, on est passé à une contraception médicale et féminine. D’un statut d’illégalité et d’illégitimité, le recours aux méthodes anticonceptionnelles est devenu légal et fortement normé. […] 5. En attribuant une méthode aux femmes selon leur âge et leur situation relationnelle, cette norme limite la possibilité de choisir le contraceptif qui leur convient. Elle renforce également la définition de la responsabilité contraceptive comme principalement – voire exclusivement – féminine.”
D’une contraception « traditionnelle » de couple, on est passé à une contraception médicale et féminine.
“Le cas de l’Espagne vient questionner l’idée d’une contraception essentiellement prise en charge par les femmes, puisque le recours à des méthodes considérées comme
masculines (stérilisation masculine, préservatif et retrait) représente près de 53 % des usages contraceptifs contre 15 % en France et 37 % aux États-Unis d’Amérique. Ces différences d’usages entre pays ne peut s’expliquer que par l’analyse des contextes historiques et sociaux qui ont accompagné le développement du recours à la contraception. Comment la pilule est-elle donc devenue la méthode anticonceptionnelle la plus utilisée en France ?”
La France semble être passée à une nouvelle étape, celle du partage plus égalitaire de la responsabilité contraceptive.
“Si l’accès à la contraception, puis à l’interruption volontaire des naissances (IVG), a permis aux femmes d’affirmer leur droit à disposer de leur corps et à s’émanciper d’un destin réduit à la seule fonction maternelle, la France semble être passée à une nouvelle étape, celle du partage plus égalitaire de la responsabilité contraceptive. À l’heure de célébrer les cinquante ans de la loi Neuwirth, qui a permis une diffusion massive de la contraception, la médicalisation et la féminisation qui l’ont accompagnée semblent aujourd’hui de plus en plus questionnées.”